La première chose à faire quand on veut mettre en place une gestion de risque, c’est faire un travail d’introspection sur soi, connaître ses limites. Se savoir exposer sur les marchés peut s’avérer très difficile mentalement et chacun réagi différemment en fonction de l’amplitude de risque. Il est donc primordial de savoir à partir de quel niveau de risque on est trop affecté, anxieux, obnubilé par notre trade en cours, afin de déterminer un plafond nous protégeant mentalement.
En ouvrant une position sur les marchés, vous devez savoir que si ça se passe mal, vous ne perdrez qu’un certain pourcentage de votre capital. Et que ce n’est pas grave, car ce pourcentage n’est pas trop élevé, que ça n’impactera pas vos chances de réussite long-terme et que vous pourrez retourner sur le marché demain sans être pénalisé. Ce plafond de perte, souvent appelé « max drawdown », peut être défini à plusieurs niveaux :
- Par trade, ce qui signifie que vous allez sortir de position si vous êtes perdants d’une somme définie à l’avance.
- Par mois, ce qui signifie que si vous avez atteint un niveau de perte acceptable défini dans le mois, vous ne traderez plus avant le mois prochain (même chose par jour/semaine, cela dépend de chaque trader).
Si votre niveau de risque maximum est trop grand par rapport à votre profil, votre mental en sera affecté et peut impacter négativement vos performances en trading, mais également votre vie sociale, votre santé etc. Avoir un risque maitrisé c’est prendre soin de vous et trouver un équilibre sain dans votre vie à la fois professionnelle et personnelle.
Améliorer son exécution
La gestion de risque impactera directement votre capacité à gérer un trade correctement ou non.
En effet, avec un niveau de risque trop élevé, une exposition trop forte sur un trade en cours, on tend à faire davantage d’erreurs, quel que soit notre niveau et notre expérience.
La première erreur sera de passer trop de temps devant l’écran, à surveiller les graphiques et s’assurer que notre trade se déroule comme attendu. Trop de risque signifie que nous accorderons une importance irraisonnée à notre position ouverte, nous empêchant par la même occasion à penser à autre chose. C’est une énorme erreur car c’est épuisant, inutile et souvent synonyme de faux pas supplémentaires. Un risque maîtrisé doit nous permettre d’ouvrir un trade et d’immédiatement passer à autre chose, ne plus y penser et avoir la possibilité de vaquer à d’autres occupations, nous rendant ainsi disponible et affuté pour la prochaine opportunité à saisir.
Ensuite, un risque trop élevé mène irrémédiablement à l’anxiété, voir à la panique si le trade se passe mal. Très souvent, on se retrouve en train d’espérer, de croiser les doigts, voir de prier pour que le marché aille dans notre sens, ce qui est l’inverse du comportement d’un trader confirmé qui ne doit se baser que sur l’analyse et non sur l’espoir ou la chance. Cela peut mener à une sortie de trade prématurée lorsque l’on atteint le point de rupture psychologique, décision souvent motivée sans justification technique ou sensée. Dans le cas d’une exposition au risque maîtrisée, même si le marché joue en notre défaveur et que notre trade est perdant, la sortie se fera au niveau prévu à l’avance, décidée grâce aux indicateurs technique et aux probabilités, car la perte potentielle est acceptable et n’impactera pas notre moral.
La nécessité de s’adapter
Une gestion de risque efficace passera forcément par l’adaptation.
L’adaptation au marché d’abord, parce qu’il change en permanence, et que c’est à nous d’évoluer avec lui et non l’inverse. L’exemple le plus connu d’une mauvaise gestion de risque dû à un manque d’adaptation est la méthode Martingale. C’est une stratégie de trading simple qui consiste à, lors de la perte d’un trade, rentrer à nouveaux sur le marché dans le même sens mais avec davantage de capital afin de rattraper les pertes précédentes. Si le deuxième trade est également perdant, reproduire le même schéma. Le postulat est simple : le marché n’ira pas dans le même sens éternellement, et étant donné que l’on augmente le capital investi à chaque trade perdant, au premier trade gagnant on aura rattrapé toutes les pertes.
De nombreux traders utilisaient cette méthode avant la crise de 2008, et s’en trouvaient récompensés parce qu’en effet, le marché étant à l’époque unidirectionnel vers le haut, en cas de baisse temporaire leurs quelques trades perdant se trouvaient rapidement compensés par les gains de la journée suivante. La stratégie s’appuyait sur des modèles mathématiques poussés, calculant les probabilités de séries de trades perdants maximales et leur permettant d’augmenter le capital graduellement, pensant ainsi se prémunir d’une liquidation totale de leur compte.
Cependant leur modèle n’avait pas anticipé la crise financière, et leur manque d’adaptation ruina énormément de professionnels qui continuèrent d’acheter inlassablement le marché baissier, jusqu’à investir la totalité de leur capital, là où une adaptation et une remise en question de leur modèle suite à un changement de marché s’imposait.
L’adaptation à sa propre situation ensuite. On ne doit pas trader ni risquer de la même manière tout au long de notre vie. Parfois notre psychologie changera, ne nous permettant plus de risquer sereinement autant qu’avant, il faudra alors réagir rapidement pour diminuer notre exposition au risque et éviter tout impact négatif sur notre mental. D’autres fois ce sera notre cadre de vie qui changera, nos besoins, nos sources de revenus, autant de raison de remettre en question le profil de risque dressé auparavant et l’adapter en prenant en compte les nouveaux paramètres. En effet le risque maximum acceptable ne sera pas le même lorsque l’on est célibataire en début de carrière et que l’on trade en parallèle de notre CDI que lorsqu’on a acheté une maison à crédit, que l’on a passé son contrat de travail à mi-temps et que l’on s’apprête à devenir parent.
La diversification
La corrélation entre les marchés est également un critère à surveiller lorsque l’on met en place notre gestion de risque. En effet, si l’on souhaite par exemple se constituer un portefeuille de crypto-monnaies en vue d’un investissement long terme, on peut penser qu’une répartition de 2% de notre capital par token, répartis entre 10 projets qui nous tiennent à cœur, est raisonnable.
Mais dans les faits, c’est un peu plus compliqué que ça. Il faudra surveiller attentivement la corrélation entre ces différentes crypto-monnaies, car si toutes vont dans le même sens que le Bitcoin, en cas de crash notre risque n’est pas de 2% mais de 20% d’où l’importance de diversifier ses acquisitions lors de la constitution d’un portefeuille. On peut être amené à penser que répartir notre capital nous protège, mais au-delà d’une simple répartition, il faut s’assurer que les différentes valeurs ne soient pas corrélées entre elles à la manière des crypto-monnaies avec le Bitcoin, et plus récemment à la manière du Bitcoin avec les Bourses mondiales.
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier permet d’augmenter la résilience globale de notre portefeuille.
Maintenant que les nombreuses raisons de faire de la gestion de risque notre priorité ont été détaillées, nous pourrons rentrer dans le vif du sujet dans le prochain article de cette série et vous expliquer concrètement comment en faire la base de votre trading.