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La gestion de risque
La pratique (Partie 2)

Le 08 / 11 / 2022

Dans la première partie, nous avons traité de l’aspect théorique de la gestion de risque et énoncé les apports considérables qu’elle pouvait avoir sur notre trading. Il est maintenant temps de rentrer dans le vif du sujet et de parler de sa mise en place pratique.

Concrètement, il faut faire quoi ?

Dans la pratique, la gestion de risque s’appuie sur deux leviers principaux : le stop-loss, et la taille de la position.

Le stop-loss

Le stop-loss est un ordre ouvert sur le marché qui nous fera sortir de position s’il se déclenche. C’est un garde-fou qui nous permet de clôturer un trade en cours avec une perte raisonnable, maîtrisée et choisie à l’avance dans le cas où le marché irait contre nous. Il est indispensable pour un tas de raisons : il nous permet de ne pas rester devant l’écran, d’avoir l’esprit clair, de ne pas prendre le risque d’être tétanisé par un mouvement violent etc.

Il peut être de différentes natures :

  • Un simple niveau de prix : j’achète du Bitcoin à 20 000 dollars, s’il descend à 18 000 dollars j’estime que le marché n’est plus haussier donc je sors de position en acceptant ma perte.
  • Un indicateur technique : notre analyse technique nous indique que les raisons qui nous ont poussé à prendre un trade ne sont plus d’actualité, par exemple à travers le RSI qui passe en over-sold, ou un croisement d’EMA indiquant un inversement de tendance.
  • Trailing stop : c’est un niveau de prix comme dans le premier cas, cependant il évoluera tout au long du trade, par exemple en restant en permanence à 5% du prix actuel. Cela permet entre autre de limiter le risque de perte une fois un certain niveau de profit atteint en remontant le stop-loss à notre prix d’entrée. On s’assure ainsi de ne pas tout rendre au marché.

Le stop-loss se doit d’être cohérent vis-à-vis de l’analyse technique, c’est-à-dire qu’il doit se trouver à un endroit stratégique, le plus souvent protégé par une résistance ou un support (pouvant revêtir de multiple formes) et qui, s’il est atteint, indique un changement dans le marché invalidant le trade en cours. Le but est qu’il ne soit déclenché et ne vous sorte de position seulement si les conditions ne sont plus remplies pour que votre trade soit gagnant. Si votre stop-loss n’est pas idéalement placé, vous courrez le risque de sortir de position alors même que les conditions de trade soient encore favorables et louper l’opportunité de capturer du profit.

C’est souvent une erreur faite lors de la mise en place de la première gestion de risque : on est prêt à ne risquer que 2% par trade, donc on met notre stop-loss à 2% de notre prix, sans qu’il ne soit protégé par aucune résistance ni aucun support. Alors comment faire ?

C’est ici que la taille de la position entre en jeu.

La taille de position

La taille de position, c’est-à-dire le montant investi dans un trade, est un levier primordial de la gestion de risque. Il permet de moduler la perte potentielle de notre capital total. C’est un critère sur lequel vous allez vouloir faire particulièrement attention dans deux cas :

  • Dans le cas ou votre stop-loss est situé à une distance supérieur de votre perte maximum acceptable.
  • Lors de la constitution d’un portefeuille d’investissement.

Le premier cas peut se produire, comme expliqué dans le paragraphe ci-dessus, lorsque l’analyse technique nous indique de placer notre stop-loss à un niveau trop éloigné par rapport à ce que notre profil de risque nous autorise. Dans cette situation, il faut moduler la taille de notre position, pour que le montant mis à risque pendant la durée du trade soit égale à notre perte maximum tolérée.

Prenons un exemple pour simplifier les choses :

Mon risque maximum par trade est de 2%. C’est une perte qui me paraît acceptable, qui ne m’affecte pas et ne me mettra pas en danger financièrement. Même avec une série de trades perdants, en ne risquant que 2% par trade je serai en mesure de revenir sur le marché sans être contraint à des performances irréalisables pour revenir à l’équilibre.

Après avoir analysé le marché, mes indicateurs techniques m’indiquent que je dois placer mon stop-loss à 5.4% de mon prix d’entrée, car il est placé sous un support important qui, je pense, ne cassera qu’en cas de changement drastique du marché, invalidant au même cas mon trade.

Pour calculer la taille de ma position, je divise mon risque maximum par la distance de mon stop-loss, que je multiplie enfin par 100 pour l’obtenir en pourcentage :

2/5.4 *100 = 37%

En investissant 37% de mon capital dans le trade, avec un stop-loss situé à 5.4% de mon prix d’entrée, je ne risquerai que 2% de perte, ma gestion de risque est respectée.

Le même exemple en valeur absolue, imaginons que mon risque maximum soit de 50€ par trade :

(50/5.4)*100 = 926€

En investissant 926€ dans le trade, avec un stop-loss situé à 5.4% de mon prix d’entrée, je ne risquerai que 50€ de perte, ma gestion de risque est respectée.

La taille de position est également utilisée dans le cas ou l’on cherche à se constituer un portefeuille, de crypto-monnaies par exemple, diversifié et réparti entre de nombreuses valeurs. Dans le cas d’un investissement long-terme, l’utilisation d’un stop-loss peut ne pas être légitime car le but est de conserver ses valeurs sans regarder leurs fluctuations, avec un horizon de plusieurs années. C’est souvent le cas d’investisseurs débutants ou n’ayant pas le temps ni l’envie de gérer leurs investissements quotidiennement.

La taille de position est particulièrement importante dans ce cas-là, car elle est le seul levier utilisé pour respecter la gestion de risque et préserver le mental de l’investisseur. Il faut donc s’assurer que la part de capital investi dans chaque crypto-monnaie soit inférieure à ce que l’on aurait risqué en un trade, suffisamment petite pour qu’on l’oublie, que l’on n’y pense pas pendant plusieurs mois voir années, que l’on n’ait pas besoin de cette somme à moyen terme pour d’autres investissements etc.

Il faut également s’assurer que la somme des investissements dans les différents actifs numériques, s’ils sont corrélés entre eux, soit inférieure à notre niveau d’exposition maximum. Comme discuté plus haut, dans le cas des crypto-monnaies la corrélation entre elles et avec le Bitcoin est très forte, et si on ne fait pas attention on peut rapidement se retrouver avec une perte maximum de 20% ce qui est bien trop élevé, même si elle est répartie entre plusieurs valeurs.

Et les mathématiques dans tout ça ?

Les calculs et modèles de simulation peuvent nous aider à visualiser les niveaux de risques et l’importance de garder notre capital sous contrôle. La cheat sheet d’Edgewonks, site internet vous proposant de vous accompagner dans la création d’un journal de trading, est particulièrement utile à ce niveau-là :

Plusieurs conclusions peuvent être tirées en prenant connaissance de ces tableaux :

  • Si l’on perd un trade avec un risque de 5%, il nous faudra faire +5.3% au prochain trade pour revenir à notre point de départ. Si l’on perd un trade avec un risque de 50%, il nous faudra faire +100% au prochain trade pour revenir à notre point de départ. On entend très souvent l’adage « pas vendu, pas perdu », mais c’est une énorme erreur qui peut coûter énormément. Il faut garder à l’esprit que s’accrocher à une crypto-monnaie qui se dirige vers les abysses, c’est un risque qu’elle ne revienne jamais à votre prix d’achat. Beaucoup de crypto-monnaies perdent 90% de leur valeur lors d’un marché baissier, très peu augmentent de 900% en marché haussier, c’est pourtant la hausse nécessaire pour un retour à sa valeur d’équilibre.
  • Même dans le cas où votre stratégie de trading possède un excellent winrate (ratio trades gagnants/trades perdants), il est possible de subir des séries de 3 ou 4 trades perdants consécutifs. Ne pensez jamais que parce que vous avez déjà perdu 2 fois vous pouvez risquer la totalité de votre capital sur votre prochain trade pour vous refaire. La probabilité peut vous paraître faible, elle existe néanmoins bel et bien.
  • En investissant 100% de votre capital sur un trade, espérant faire un coup de poker et devenir riche rapidement, vous avez de grande probabilité de tout perdre. Et si en effet vous avez de la chance la première fois, vous serez poussés à recommencer, à adopter des mauvais comportements et in fine tout perdre. Calculer l’Expectancy (profitabilité moyenne) de votre stratégie est primordial pour mettre en place une bonne gestion de risque et mettre à mal de nombreux réflexe destructeurs pour vous et votre capital. Ainsi, comme le montre l’exemple de la cheat sheet : avec un winrate de seulement 55%, un ratio risque / récompense de 2 :1 et un risque maximum par trade de 2%, vous pouvez multiplier votre capital de manière exponentielle grâce à la répétition. N’essayez pas de devenir riche rapidement, attelez vous plutôt à le devenir de la manière la plus probable.

Tous les points énumérés dans ces articles soulignent l’importance primordiale de la gestion de risque, et visent à vous convaincre de commencer par ce sujet avant de vous pencher sur les indicateurs techniques. En plus de préserver votre capital, la gestion de risque vous permettra de soigner votre psychologie, votre santé, votre vie sociale, et in fine vos compétences de traders.

Le trading est une discipline excessivement risquée. Votre premier défi, avant même d’être rentable, sera de survivre sur les marchés, et ce ne sera possible qu’avec une méthode de gestion de risque appliquée de manière disciplinée.

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